LA FÊTE DE LA CHANDELEUR
Le 14 février de chaque année, quarante jours après la naissance de Jésus, l’Église apostolique arménienne célèbre la fête de Diarneuntaratch (Chandeleur) ou de la présenta-tion du Christ au temple de Jérusalem et de la purification de la Vierge Marie. Diarneuntaratch signifie en arménien « aller à la rencontre de Dieu ».
Cette fête est mentionnée dans l’Ancien Testament. Selon la Loi juive, toute mère donnant naissance à un fils devait se rendre au temple pour y porter une offrande, quarante jours après l’accouchement. Ainsi, comme le suggérait la Loi, Joseph et Marie prirent l’Enfant Jésus et l’emmenèrent à Jérusalem. Arrivés au temple, la porte du sanctuaire du côté de l’orient, qui était fermée sur l’ordre de Dieu, s’ouvrit, selon la prophétie d’Ézéchiel (Ézéchiel 44, 1-3). À ce moment, un grand vacarme se produisit dans la ville. Les habitants de Jérusalem se dépêchèrent vers le sanctuaire et virent l’Enfant Jésus avec ses parents. Lorsque ces derniers entrèrent dans le temple, le vieux Siméon se porta à leur rencontre. Il rendit gloire à Dieu, car le Tout Puissant lui avait dit qu’il ne mourrait pas tant qu’il n’aurait pas vu l’Oint du Seigneur. Quand Siméon vit l’Enfant Jésus, il bénit Dieu, remit l’Enfant à sa mère et rendit l’âme dans le sanctuaire même.
Cette Loi de l’Ancien Testament de la présentation au temple des nouveaux-nés reçut ainsi un nouveau souffle et fut conservée chez les chrétiens. Quand un enfant naît dans une famille, quarante jours après sa naissance, ses parents l’emmènent à l’église où le prêtre prie le Seigneur afin de l’avoir toujours sous Sa protection divine.
La veille de la fête de Diarneuntaratch, des bûchers sont allumés dans les cours des églises ainsi que devant les maisons, des processions et des cérémonies de bénédiction champêtre y sont accomplies. Cette coutume remonte à l’époque païenne, quand les personnes, sau-tant au-dessus des bûchers, voulaient de cette manière écarter de soi toutes les forces du mal. Plus tard, une signification chrétienne, symbolisant la lumière du Christ, fut conférée à cette tradition.
Le jour de la fête de Diarneuntaratch, des cérémonies de bénédiction des nouveaux mariés sont accomplies de même dans les églises.
Cette année aussi, le jour suivant la fête de Diarneuntaratch, le dimanche 15 février, à l’issue de la Sainte Messe, aura lieu la cérémonie de bénédiction des nouveaux mariés.
Allons donc à la rencontre de Dieu car H est la Lumière du Monde.
EXALTATION DE LA SAINTE CROIX
Le symbole de la Croix dès l’époque des disciples, de même que la Sainte Croix à par-tir du IV’ siècle, en tant qu’objet sacré et d’adoration, oue un rôle primordial dans le culte de toutes les Églises chrétiennes. L’Église Apostolique Arménienne célèbre, selon son calen-drier et dans l’ordre ci-dessous, les fêtes suivantes consacrées à la Sainte Croix :
1) Apparition de la Sainte Croix.
2) Exaltation de la Sainte Croix.
3) La Sainte Croix de Varaga.
4) Découverte de la Sainte Croix.
L’Exaltation de la Sainte Croix est l’une des cinq fêtes majeures de l’Église Arménienne. Commémorée d’ailleurs par toutes les Églises chrétiennes, elle a été établie pour louer le retour historique de captivité de la Sainte Croix à Jérusalem ainsi que pour glorifier sa puissance. L’historique succinct de cette fête est le suivant.
En 610, arrivé à l’apogée de sa puissance, le roi de Perse Khosrov attaque Byzance. En 614, les troupes perses occupent Jérusalem, massacrent une partie de sa population et emmè-nent l’autre en captivité. Elles entrent dans le temple de la Sainte Résurrection et s’emparent de la Croix du Sauveur qui y était gardée. Cependant, une fois en Perse, la Croix du Seigneur se voit devenir objet de vénération. Les autochtones se comportent avec crainte et déférence envers la croix, considérant que c’est le Dieu des chrétiens qui s’est rendu chez eux. Grâce à Elle, nombre de miracles se produisent, incitant beaucoup de personnes à se convertir au christianisme.
Puis l’empereur Héracle de Grèce lève une armée contre le roi Khosrov pour libérer la Croix. Les troupes arméniennes se joignent à l’armée impériale. Après beaucoup d’efforts, cette guerre, commencée par la prière afin de reprendre la Sainte Croix, s’achève par la victoire des forces gréco-arméniennes et la libération de captivité de la Croix du Seigneur.
Une procession solennelle conduit la Sainte Croix victorieuse de la ville arménienne de Karine (Erzeroum) à Constantinople. Après y être gardée pendant trois ans, Elle est transférée à Jérusalem. L’empereur en personne la porte sur ses épaules sur le Mont Golgotha jusqu’au temple rénové de la Sainte Résurrection où il L’installe au vu de tous les chrétiens. D’où le nom de la fête Sainte Exaltation de la Sainte Croix qui signifie aussi élévation de la Sainte Croix. Elle est célébrée le dimanche qui se situe entre les 11 et 17 septembre. Le lundi qui suit cette fête est la journée de souvenir des morts. C’est pourquoi une cérémonie de Requiem est célébrée ce jour-là à la mémoire de tous nos disparus.
BÉNÉDICTION DU FOYER
La cérémonie de la bénédiction du foyer est connue depuis la haute époque du christianisme. À l’occasion des fêtes de Noël et de Pâques, les disciples visitaient les maisons des chrétiens pour leur apporter la Bonne Nouvelle de la Sainte Nativité et de la Résurrection. Suivant ce même exemple, après ces deux grandes fêtes, les prêtres se rendaient dans les foyers des fidèles de leurs communautés et bénissaient les membres de leurs familles et leurs maisons, tout en leur apportant par leur prédication joie et réconfort spirituels.
Lors de cette visite pastorale, le prêtre bénit aussi les éléments essentiels à la vie de la maison, le pain, le sel et l’eau, et sollicite de même la protection du Seigneur pour les membres de la famille. L’origine et la signification de la bénédiction du foyer apparais-sent en toute évidence dans ce passage des Saintes Écritures où Jésus dit : « Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison… Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19, 9-10).
Ainsi, par la bénédiction du foyer à la Sainte Nativité, notre maison se transforme symboliquement en une crèche de Bethlehem, tandis que par cette même cérémonie à la fête de Pâques, elle devient singulièrement un temple de la Résurrection.
Par conséquent, c’est notre devoir en tant que chrétiens de procéder chaque année à la bénédiction de nos maisons, car « Si l’Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain, si l’Éternel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain » (Psaumes 127 – 1).
Pour une cérémonie de Bénédiction du foyer, vous pouvez vous adresser aux Pères de votre paroisse.
LA SAINTE NATIVITÉ
La Sainte Nativité est l’une des cinq fêtes majeures de l’Église apostolique arménienne ainsi que l’une des deux fêtes les plus importantes de l’Église Universelle. C’est la naissance de Jésus-Christ, annoncée par de nombreuses prophéties de l’Ancien Testament : « C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, voici : une vierge deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (Esaïe 7, 14), « Puis un rameau sortira du tronc d’Isaï… L’esprit de l’Éternel reposera sur lui… » (Esaïe 11, 1).
Jésus naquit dans la ville de Bethlehem (« maison du pain ») de Judée où s’étaient rendus ses parents, Joseph et Marie pour participer au recensement. N’ayant pu trouver de gîte pour passer la nuit, ils se réfugièrent dans une grotte, et c’est là que Jésus vit le jour. Venu au monde dans un état de grand dénuement, au sein d’une humble famille de menuisier, le Fils de Dieu voulait démontrer par là-même à l’humanité que la grandeur ne consistait point dans la possession de la richesse et du pouvoir, mais dans le service et la charité. Ayant reçu le signe de la Sainte Nativité par un ange, ce furent les bergers, gens de condition modeste, qui vinrent tout d’abord à la crèche de l’enfant Jésus. Puis ce fut le tour des trois Rois mages d’Orient, Melchior, Gaspar et Bagdassar qui, conduits par une étoile brillante, se rendirent à la grotte pour adorer le Nouveau-Né et Lui offrir leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe, symbolisant l’essence royale et divine du Christ ainsi que sa mise à mort.
La fête de la Sainte Nativité a été établie par l’apôtre Jacques. Jusqu’au IV siècle, tous les chrétiens la commémoraient le 6 janvier. À partir du V’ siècle, les Églises d’Occident la reportèrent au 25 décembre. La raison était qu’en Europe, en Égypte et en Iran, le 25 décembre était la fête de Mithra, dieu du soleil. Aussi, afin que cette fête païenne soit oubliée, l’Église catholique, en 451, déclara cette date jour de la naissance de Jésus-Christ. Cependant, l’Église apostolique arménienne, demeurant fidèle à la vieille tradition, conserva la date du 6 janvier comme jour de la naissance et du baptême de notre Seigneur. Ces deux fêtes sont célébrées en même temps, car le baptême de Jésus eut lieu trente ans plus tard, le même jour.
La veille de la Sainte Nativité, est célébrée la messe de l’Illumination, symbolisant l’étoile de Bethlehem qui dirigea les Rois mages vers l’enfant Jésus. La messe de la Sainte Nativité est sui-vie de la cérémonie de la Bénédiction de l’eau qui symbolise le baptême de Jésus dans le Jourdain. La Sainte Croix est immergée dans l’eau pour la bénir, la purifier et la convertir en source de guérison et de rémission des péchés. L’eau bénite est distribuée aux fidèles.
Dans les jours qui suivent la fête de la Sainte Nativité, on accomplit la cérémonie de la bénédiction du foyer. Les prêtres se rendent dans les foyers des fidèles et bénissent les membres de leurs familles et leurs maisons, en leur apportant la Bonne Nouvelle.
Le Christ est né et s’est manifesté
C’est pour nous tous une Bonne Nouvelle.
SOURP SARKIS SAINT SERGE
Sourp Sarkis était originaire de la région frontalière de Césarée avec l’Arménie.
Il adorait Dieu et le Seigneur couronnait de succès chacun de ses actes. Jeune homme, il se rendait dans les villes et villages et prêchait la Bible qu’il connaissait depuis son enfance. En 361, sous le règne de l’empereur Julien le Renégat, des persécutions terribles furent lancées contre les chrétiens. Sarkis fut alors contraint de quitter son pays et trouva refuge en Arménie. Puis il se rendit en Perse et fut nommé commandant de régiment par le roi Châhpuhr. Parallèlement à ses activités militaires, il ne cessait de prêcher la parole de Dieu. quelques temps après, lors d’une fête des idoles, Châhpuhr ordonna à Sarkis d’entrer dans le temple et de leur porter une offrande. Ce dernier refusa d’obtempérer, arguant du fait qu’il n’adorait que le véritable Dieu. Malgré les contraintes du roi et les tortures qu’on lui fit subir, Sarkis demeura ferme dans sa conviction et ne se prosterna pas devant les idoles. Voyant cela, les païens se ruèrent sur lui, l’enchaînèrent, le jetèrent en prison et tuèrent son fils Martiros. Pourtant, là aussi Sarkis resta inébranlable dans sa foi. Alors le roi Châhpuhr donna à ses soldats l’ordre de l’emmener hors de la ville et de le tuer. Quand le bourreau trancha de son épée la tête du saint, un rayon de lumière vint éclairer son corps, et on enten-dit une voix qui l’appelait au ciel. À ce moment, quatorze soldats, parmi ceux qui étaient là, embrassèrent la foi chrétienne. Ils prirent le corps du martyr, le recouvrirent d’un linceul et l’ensevelirent. Apprenant cela, Châhpuhr ordonna de les mettre aussi à mort. Ceci eut lieu le 31 janvier 363.
Selon la tradition, plus tard Mesrop Machtotz transféra le corps du Saint en Arménie, l’inhu-ma à Karbi, village du district d’Achtarak, et construisit une église en son nom. Selon la coutume populaire, la veille de la fête de Saint Sarkis, les jeunes filles et garçons mangent des galettes salées dans l’espoir de voir en rêve leur futur époux ou épouse leur donner à boire. Il va de soi que cette tradition n’a aucun lien avec l’enseignement de l’Église et n’est que la manifestation d’une coutume populaire. Dans le cas présent, l’essen-tiel est la prière, la conviction que Dieu peut vraiment répondre à l’attente des jeunes gens en leur montrant leur futur conjoint.
Ces dernières années, la fête de Sourp Sarkis est célébrée comme jour de la bénédiction des jeunes. Ce jour-là, les jeunes gens qui participent à la Sainte Messe sont bénis par le prêtre, afin de rester fidèles à Jésus-Christ et d’être dévoués à l’Église arménienne.
LES SAINTS VARDANANK
Chaque année, le jeudi qui précède le début du Carême, l’Église apostolique armé-nienne célèbre la fête des Saints Vardanank. Cette année, elle sera commémorée le 19 février. En 428, le royaume des Arsacides est anéanti et l’Arménie tombe sous la domination perse. Le roi de Perse Yazdgard veut alors contraindre tous les peuples de son royaume à se conver-tir au zoroastrisme et promulgue en ce sens un décret en 449.
Au cours d’une réunion, les seigneurs arméniens et le Catholicos décident de ne pas renier leur foi. Courroucé par cette prise de position, le roi Yazdgard convoque dans sa capitale dix éminents seigneurs arméniens et les oblige à embrasser la nouvelle religion. Ces derniers font mine d’accepter, persuadés dans leur for intérieur que dès leur retour ils vont se révolter. Et c’est en 451 que la guerre éclate entre Perses et Arméniens. La veille des hostilités, sont baptisés tous les soldats qui ne l’avaient été et une messe est célébrée par les prêtres qui allaient communier les troupes dirigées par le général Vardan Mamikonian.
La bataille a lieu le 26 mai 451 sur le champ d’Avaraïr. À l’issue d’une journée de combats intenses et héroïques, le général Vardan Mamikonian, sept grands seigneurs et 1036 soldats arméniens sont tués. Les pertes de l’ennemi dépassent de trois fois ce nombre. S’il est vrai que les Arméniens ne remportent pas de victoire militaire sur le champ d’Avaraïr, il n’en demeure pas moins qu’avec une armée de 66.000 hommes contre des troupes avoisinant les 200.000, les Arméniens ont contraint l’adversaire à renoncer à l’idée de les convertir. Grâce à leur martyre, les Saints Vardanank nous ont préservé de l’assimilation par les Perses et du danger de disparaître en tant que nation.
Des siècles se sont écoulés depuis cette bataille mémorable, mais le souvenir des Saints Vardanank demeure vivant dans nos esprits. Aussi, chaque Arménien se doit-il de s’incliner devant leur mémoire. Des générations entières furent éduquées sur l’exemple de leur dévouement exemplaire. Le symbole légué par les Saints Vardanank est pérenne. Il nous a toujours accompagné tout au long de notre histoire, et c’est leur esprit qui, aujourd’hui encore, est le garant de notre existence et de nos victoires, esprit d’abnégation dans les luttes menées au nom de la Foi et de la Patrie. Il s’est manifesté de nos jours chez les héros des batailles pour la libération de l’Artsakh.
À notre époque de paix relative, notre patrie spirituelle s’est transformée en champ d’Avaraïr, alors que différentes sectes s’efforcent de nous écarter de notre foi, oubliant que « Nous reconnaissons la Bible comme notre père et notre Sainte Église apostolique comme notre mère. Que personne ne tente de nous en séparer » (Yeghishé).
D’après les fascicules édités par la cathédrale arménienne apostolique des Saints Traducteurs
339 avenue du Prado – 13008 Marseille – Tél .: 04 91 77 84 70