Élément
caractéristique de l’architecture
monastique arménienne, qui porte deux noms, différents par leur sens à
l’origine,
mais synonymes depuis le xiiie
s. Salle
adjointe à la façade ouest
de l’église principale d’un monastère*,
généralement plus large et toujours plus basse qu’elle. Le gavit
/ jamatoun
correspond
approximativement au narthex*
des
architectures paléochrétienne,
byzantine
(version extérieure dite « exonarthex ») et occidentale.
Cependant,
il ne possède jamais de tribune*
à
l’étage, forme quasi inconnue dans
l’Arménie
médiévale. |
Outre
des cas atypiques, on distingue quatre types
de gavits / jamatouns :
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a.
Salle mononef* oblongue*,
voûtée*,
sans coupole*,
présente au début de l’histoire de ce genre de construction (fin ixe-xe s). |
b.
Galerie* (Portique) barlongue*,
sans
coupole,
présent notamment
dans un groupe de monastères chalcédoniens*
fondés au xiiie
s. dans le
nord du pays. Ce type réapparaît
à la période moderne, sans connotation confessionnelle. |
c.
Grande salle quadrangulaire que couronne une
coupole sans tambour*
et à
lucarne*
centrale ; la coupole est
portée par
quatre appuis
libres* en forme de
fortes colonnes. Créé au monastère
royal de
Horomos en 1038, ce type connaît une grande popularité à partir de la
fin du xiie
s. |
d.
Grande salle quadrangulaire à voûte portée par deux
paires d’arcs
croisés* avec
lucarne centrale ; la croisée
d’arcs*
délimite un
compartiment carré central diversement couvert dans lequel est inscrite
la
lucarne. Ce type apparenté à des structures analogues d’Europe
médiévale est
présent dans une douzaine de gavits du xiiie
s. |
Le
gavit / jamatoun
servait principalement de lieu
d’inhumation pour la noblesse et le clergé. Des chapelles*
parfois logées
dans ses angles prouvent qu’il abritait aussi la célébration de
services privés
en mémoire des fondateurs et autres donateurs. Il constituait un
grand vestibule*
avant l’entrée
dans l’église et pouvait aussi servir de lieu
de
réunion. Plusieurs auteurs lient l’origine des deux derniers types, les
plus
caractéristiques, à la maison paysanne dite gəlkhatoun*
avec sa
lucarne
centrale dite erdik*.
D’autres
considèrent que le premier
exemple du
type, le jamatoun de Horomos (1038), s’inspirait de la rotonde
du
Saint-Sépulcre de Jérusalem dont la coupole était aussi ouverte à son
sommet. |
Voir
aussi : Jamatoun.
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Monastère
de Kétcharis. Gavit / jamatoun construit vers 1200
devant
la façade ouest de l’église principale, Saint-Grégoire (1er
tiers du xie s.).
Représentant du
type très répandu au xiiie
s. à coupole basse sur quatre colonnes. |
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Plan
d’après Documenti di Arch. Arm. 11,
1982. Ici,
comme ci-dessous à
Haghbat, noter la présence de petites chapelles-sacristies dans les
angles orientaux du gavit. |
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Vue
générale sud-ouest : l’église précédée à
l’ouest par le gavit. Photo Hraïr Hawk Khatcherian. |
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Vue
intérieure du gavit vers le nord.
Photo Hraïr Hawk khatcherian. |
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Monastère
de Haghbat. Gavit / jamatoun construit au début du
xiiie s. (avant 1210) devant la façade ouest de
l’église principale, Saint-Signe (c. 976-991). Premier représentant
daté du type à croisée d’arcs ; la croisée est reproduite, à une
échelle réduite, sous la voûte du carré central. |
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Plan
d’après Documenti di Arch. Arm. 1, 1968. |
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Vue
générale nord-ouest de l’église précédée à
l’ouest par le gavit. |
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Vue
intérieure du gavit du sud-ouest vers le
nord-est. |